Typiquement, les objectifs financiers relèvent
de la rentabilité, de la croissance et de la valeur
pour l'actionnaire. ECI (Electronic Circuits Inc ) les énonce
ainsi : survivre, réussir et prospérer. La survie
se mesure au cash-flow, le succès au chiffre d'affaires
trimestriel et au revenu d'exploitation par unité,
et la prospérité à l'augmentation de
la part de marché par segment et au rendement des capitaux
propres.
Toutefois, l'axe financier a été maintes fois
critiqué pour ses inadaptations, le fait qu'il est
tourné vers le passé, et son aptitude à
rendre compte des actions génératrices de valeur,
l'analyse de la valeur pour l'actionnaire prévoit les
casf-flows futurs et les actualise. On obtient ainsi une évaluation
approximative de la valeur actuelle, et ceci va dans le sens
d'une analyse financier plus tournée vers l'avenir.
Reste qu'elle se fonde toujours sur les liquidités
et non sur les processus et activités qui les gênèrent.
Certaines critiques sont plus sèvres encore : les
règles du jeu de la concurrence auraient changé,
et ces indicateurs financiers ne seraient d’aucune utilité
en matière de satisfaction des clients, de qualité,
de durée de cycle, et de motivation du personnel. La
performance financière serait le résultat des
opérations et la conséquence logique d’actions
bien fondées. Autrement dit, les indicateurs financiers
ne sont pas un bon outil de navigation. Ou encore : améliorer
ce qui doit l’être dans les opérations,
les chiffres financières suivront d’eux-mêmes.
Cependant, le lien entre performance des opérations
et succès financier est en réalité incertain.
Qu’on juge par cet exemple . Sur la période allant
de 1987 à 1990, un fabricant américain d’électronique
s’engage dans un vaste programme d’amélioration
de la qualité et de ponctualité dans les livraisons.
Le taux de produits vendus défectueux chuta de 500
par million à 50, les livraisons en temps prévu
passèrent de 70% à 96%, et le rendement fit
un bond de 26% à 51%. Quel a été l’apport
de cet énorme effort de qualité, de productivité
et de service aux clients ? Pratiquement nul. Sur cette même
période, les résultats financiers de l’entreprise
n’ont guère augmenté, et l’action
a perdu prés de tiers de sa valeur. Rien de ce qui
avait été apporté au niveau de la fabrication
ne s ‘était traduit dans les profits. Ceci s’explique
par une certaine lenteur à l’innovation et un
manque d’ouverture du marketing vers une clientèle
nouvelle. Les efforts étaient bien réels, mais
l’entreprise avait négligé de capitaliser
sur eux.
La disparité entre meilleure performance opérationnelle
et résultats financiers décevants est génératrice
de frustration pour les cadres dirigeants. Cette frustration
fait les choux gras d’analystes boursiers anonymes qui
ne voient pas dans la performance financière, au-delà
des signaux radars trimestriels, la valeur à long terme
que ces chefs d’entreprise croient sincèrement
être en train de créer. La dure vérité
est que, si une amélioration de la performance n’a
aucun effet sur le bas de bilan, c’est la base même
de la stratégie et de la mission de l’entreprise
qu’il faut revoir. Toutes les stratégies à
long terme ne sont pas réussites.
L ‘estimation que l’on se fait de la satisfaction
des clients, de la performance des processus internes, de
l’innovation et de l’amélioration continue,
décode de la vision du mode particulier de l’entreprise,
et de ses conceptions sur les facteurs-clés du succès.
Mais cette vision n’est pas nécessairement correcte.
Même le meilleur tableau de bord n’est pas garant
d’une stratégie gagnante. Semblable outil ne
sert qu’à traduire la stratégie en objectifs
spécifiques et mesurables. Des lors qu’une meilleure
performance opérationnelle n’entraîne pas
d’amélioration de la performance financière,
les dirigeants devraient retourner à leurs crayons
pour repenser la stratégie de l’entreprise ou
sa mise en œuvre.